Maquette du storyboard Jamais Toujours, 1965



Jamais Toujours.
Pourquoi ce titre ?
Parce que cette histoire comprend un début, mais pas de fin.
Un début ?
Il faut bien que l’histoire commence.
Pas de fin, car l’auteur veut que ce soit « toujours », un film que l’on ne voit pas finir.


Générique de Jamais Toujours, 1965











L’histoire est simple, réaliste, un homme et une femme. Pendant tout le générique passe un film amateur, en 16mm, émouvant car maladroit.
L’image tressaute, on entend le bruit du moteur.
La dernière vue : la tête d’une jeune fille en vert.
Tout était en noir et blanc et gai et merveilleux, puis vint la couleur. Mais la couleur disparut. Le film, toujours tourné en Scope couleur, ne montrera que des images noires et blanches – des vrais noirs et de vrais blancs.
La campagne n’a changé que de saison. Un homme se promène, seul. Puis l’homme jettera son avion, si possible un Stampe, sur le cœur même d’Angers la trop aimée. À mesure que la caméra plonge vers la cité, celle-ci se transforme, devient un graphisme en forme de rêve.Là commence le dessin animé, véritable univers de Larivière.

Entité Jamais, 1965


  
                                                   Le cône glacé, demandez-le à l’ouvreuse, 1965






On se perd dans son délire en même temps que dans le foisonnement de certaines images, le dépouillement presque austère d’autres plans. Il y a du tragique et parfois du cirque.
Un contour vague, mou, se traine par terre se répand en dégoulinant, mais progresse pourtant : c’est tout ce qui reste de l’homme qui s’est tué.
Il continue de vivre en petits morceaux. Sa volonté a voulu se détruire, mais la mécanique marche toujours. Le rythme des images devient égaré, les décors sont grandioses, à la Walt Disney, tandis que la pauvre amibe vit son psychodrame. Elle devient pingouin (…), fleur, papillon, monstre ou petit point. Elle s’assemble en une structure vague pour constituer une forme qui s’anime : le visage de la femme perdue.
    










Avec Larivière, on passe toujours du rêve au réel, comme si n’était dressée entre eux qu’une infime barrière que l’on crève sans le sentir. La femme vit heureuse dans son château romantique, parmi des voiles blancs et des tours de légende. Il faudrait parler encore (…) d’une petite balle de golf, boule ronde portant le mot : « jamais ». Petite sphère cheminant dans l’espace jusqu’à la ville mythique, se battant contre un grouillement de matière, volant jusqu’à l’infini.
Balle immortelle contenant les restes d’un homme qui voulait mourir.


La balle dans l’œil, Jamais Toujours, 1965










Une balle, une ville, un superman un peu gauche, avec son costume d’astronaute rose-anglais et ses yeux immenses où dansent de nouvelles visions, inquiètes, sadiques ou érotiques, comment cela peut-il former un film ? On n’explique pas l’ensorcellement des images de Larivière. Il ne faut surtout pas expliquer. Une chose pourtant doit être dite : le film n’est pratiquement réalisé qu’à partir de six photos montrant le ventre d’un appareil de télévision mis à nu. Fils, tubes, rouages infinis dans lesquels on se perd comme dans la tête d’une femme, comme dans ses propres sentiments.

Isaure De Saint Pierre
Article du Zoom N°13, 1972




La ville volante, Jamais Toujours, 1965                  

Surface espace-temps, toiles découlant de la recherche Jamais Toujours, 1965

La citée aux huit tours vue du ciel, Jamais Toujours, 1965              








Les oiseaux de Marey, Jamais Toujours, 1965


L’héroïne de Jamais Toujours, 1965




Apparition d’un personnage de Edua Eram
traversant un plan de Jamais Toujours, 1965


L’éclatement d’un sentiment mécanique, Jamais Toujours, 1965 

Courbe de déplacement de la balle Jamais, Jamais Toujours, 1965   

La boite, Jamais Toujours, 1965





Art Toys Jamais Toujours édition spéciale réalisée à l’occasion de Art Toy pour Paris Tout P’Tits Vente chez Christies 2008. 
102 personnages ont été confiés à des créateurs, dessin à l’encre sur figurine en plastique, 2008




          Entre-entracte, le cri de l’ouvreuse


Une boîte rose contient un chocolat glacé géant renfermant un flip-book, où l’on voit défiler un portrait en gros plan avec des changements de lumière.

Une cellule lit les différentes nuances de gris dans cette série de photos et les transforme en sons.
C’est le déplacement
de la lumière sur le visage
et les nuances changeantes qui  permettent à la cellule de créer un son : le cri de l’ouvreuse.

Esquimau glacé en bois contenant
un flip-book


Boîte en bois recouverte de velours rose. 
Contient : un esquimau glacé en bois, un flip-book, un QR code donnant accès au son





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